Héloïse Rambert
Se soignerLa chute de cheveux chez les femmes
Pour les femmes, la perte de cheveux est moins fréquente mais souvent plus difficile à supporter que pour les hommes. Cette chute peut être d’origine hormonale, le reflet d’une carence ou encore l’expression d’une maladie cutanée ou infectieuse.
Quand s’inquiéter ?
► C’est normal. Chaque jour, nous perdons entre 50 et 100 cheveux.
► Ce n’est pas normal. Quand le nombre de cheveux perdus chaque jour est supérieur à 100 ou quand une zone du cuir chevelu perd plus de cheveux que le reste du crâne, la chute est pathologique. On parle alors d’alopécie.
Chez les femmes, la chute de cheveux, appelée alopécie en termes médicaux, prend des formes assez différentes. Elle peut être transitoire ou définitive, selon les cas. Pour permettre d'orienter le diagnostic et d’identifier la cause, il faut regarder où et comment se produit la perte des cheveux.
La chute est localisée
Elle se présente sous forme d’une ou plusieurs petites zones bien délimitées et sans cheveux.
Les plaques laissent apparaître un cuir chevelu lisse
Généralement, le phénomène commence par une plaque sans cheveux bien délimitée. D’autres plaques peuvent parfois apparaître et converger entre elles, à un rythme plus ou moins rapide, pouvant au bout d'un certain temps toucher une partie importante du crâne. C’est certainement une pelade. Il s’agit d’une maladie auto-immune dans laquelle le corps fabrique des anticorps qu’il dirige contre les follicules pileux. Elle est très souvent associée à d’autres maladies auto-immunes, notamment celles de la thyroïde. Les cheveux pouvant repousser, cette alopécie est dite non cicatricielle.
Que faire Consulter un dermatologue. Les lésions de la pelade guérissent parfois spontanément. Des traitements existent, mais ils semblent plus efficaces lorsque les lésions sont récentes (moins de 2 mois) et de petite taille. Ce sont essentiellement des corticoïdes, utilisés par voie générale ou locale, pour leur effet anti-inflammatoire et immunosuppresseur. La puvathérapie, qui consiste à exposer la plaque à des rayonnements UV, eux aussi immunosuppresseurs, est une autre option. La repousse, spontanée ou sous traitement, peut être observée en quelques semaines. Les récidives sont fréquentes.
Bon à savoir. Contrairement à certaines idées reçues, le stress et l’anxiété ne sont pas responsables de cette maladie.
Les zones sans cheveux présentent un aspect irrégulier
Sur ces zones ou sur leur pourtour, il y a des lésions inflammatoires : croûtes, pustules ou squames. Elles s’accompagnent d’une irritation désagréable ou d’une démangeaison. Il s’agit de lésions provoquées par des maladies, le plus souvent un lichen plan pilaire, une folliculite décalvante ou un lupus chronique. L’alopécie est dite cicatricielle : les cheveux ne repousseront pas.
Que faire Consulter sans attendre un dermatologue. Il faut traiter (par corticoïdes, antibiotiques ou autres en fonction de la maladie) pour stopper ou limiter l’extension des lésions.
La chute est régionale
Elle concerne d’emblée toute une région du crâne où les cheveux se raréfient.
Au sommet du crâne, sur le front et les tempes
Il y a un éclaircissement progressif au niveau du sommet de la tête, et la raie au milieu des cheveux est élargie. Les cheveux sont moins nombreux de part et d’autre du front. Sur le devant du crâne, on observe des petits cheveux qui ne parviennent pas à pousser : ceci est souvent perçu comme normal par les femmes alors que c’est un fait caractéristique à noter.
Il s’agit très certainement d’une alopécie androgénétique. Elle a deux grandes causes : des troubles hormonaux (une hyperandrogénie) ou, comme dans l’alopécie masculine, une réceptivité accrue du cuir chevelu aux androgènes sans troubles hormonaux sous-jacents. Dans les cas les plus sérieux, la chute de cheveux commence très tôt, avant 20 ans. Elle est progressive et irréversible.
Que faire On ne connaît pas de médicament durablement efficace contre ce type d’alopécie. Le traitement par minoxidil (Alostil et génériques) peut être envisagé. Ce produit à appliquer localement est contraignant. Il doit être pris en continu et non en cure. Son efficacité est réelle mais modeste, variable selon les patientes et moins évidente si l’alopécie est déjà évoluée à l’instauration du traitement. Elle a tendance à diminuer avec le temps. Disponible sans ordonnance, le minoxidil n’est pas remboursé. Il existe en 2 % et 5 %. Le dosage à 5 %, réservé aux hommes, ne doit pas être pris par les femmes. D’ailleurs, il n’est pas plus efficace pour elles.
Bon à savoir. Une alopécie androgénétique d’apparition brutale et inopinée chez une femme ménopausée doit amener à consulter pour un bilan hormonal avec dosage de la testostérone. Il peut s’agir d’un problème d’ovaires ou de surrénales.
Après la ménopause, la ligne d’implantation recule
L’alopécie a un aspect en « bandeau » : elle se produit d’une oreille à l’autre en passant par le front. Elle est symétrique et progressive. En général, une perte des sourcils est associée. Il s’agit le plus souvent d’une alopécie frontale fibrosante, parfois appelée alopécie frontale post-ménopausique. Elle est la conséquence d’une forme de lichen plan pilaire. Là où les cheveux ont disparu, ils ne repousseront pas.
Que faire Consulter un dermatologue. Celui-ci instaurera un traitement par corticoïdes et antibiotiques pour stopper ou limiter l’extension de l’alopécie.
Elle est liée à des gestes de coiffure
La chute concerne des zones de traction (tresses africaines, chignons serrés, etc.), de brushings, d’usage excessif d’un fer à lisser, etc. Il s’agit d’une alopécie consécutive à des traumatismes capillaires répétés. Les gestes qui tirent trop et souvent sur les racines ou qui exposent les cheveux à une grande chaleur peuvent provoquer leur chute. Ils repoussent pendant un temps mais, à terme, la chute risque d’être définitive.
Que faire Cesser d’exposer la chevelure aux traumatismes.
La chute est diffuse
Elle concerne l’ensemble du cuir chevelu et entraîne peu à peu une perte de densité de la chevelure.
Elle est installée depuis longtemps
Pour un phénomène ancien et dont le début est difficile à dater, les explications possibles sont nombreuses. Cependant, avant la ménopause, la carence en fer (souvent due à des règles abondantes) est une cause fréquente d’alopécie. Plus rarement, des carences alimentaires ou un désordre thyroïdien peuvent être impliqués.
Que faire Consulter son médecin qui prescrira une prise de sang pour un bilan complet incluant notamment un dosage de la ferritine.
Elle fait suite à un événement de vie récent
Bien des bouleversements peuvent provoquer une alopécie aiguë et réactionnelle : une infection avec fièvre, une perte de poids rapide et importante, un accouchement, etc.
Que faire La situation devrait rentrer dans l’ordre toute seule. Aucun complément alimentaire à base de vitamines et d’oligo-éléments disponible sans ordonnance n’a fait la preuve de son efficacité pour enrayer la chute des cheveux.
Elle est liée à une prise de médicaments
Les chimiothérapies provoquent très souvent une perte de cheveux brutale et abondante. D’autres traitements sont aussi susceptibles d’entraîner une chute de cheveux : certains anticoagulants, des hypocholestérolémiants, des antihypertenseurs, etc. Elle est le plus souvent réversible à l’arrêt du traitement.
Que faire Porter un casque réfrigérant pendant la cure de chimiothérapie : cela peut limiter la chute. Concernant les autres traitements, discuter avec son médecin pour envisager un remplacement du médicament en cause.
Le grand cycle du cheveu
- Le cuir chevelu compte entre 100 000 et 150 000 follicules pileux, qui produisent chacun un ou deux cheveux.
- Le follicule pileux connaît une phase de croissance de 3 à 7 ans, après laquelle il rétrécit et le cheveu tombe. Il entame alors une nouvelle phase de croissance et donne naissance à un nouveau cheveu.
- Le cycle du cheveu est soumis à l’influence de nombreux facteurs parmi lesquels l’alimentation, les hormones et l’hérédité.
Greffe de cheveux - Pas de miracle
Lorsque la chute de cheveux évolue depuis longtemps et que tous les traitements ont été tentés sans succès, on peut recourir à une greffe de cheveux si le préjudice esthétique est insupportable. Cette intervention, non remboursée par la Sécurité sociale, coûte plusieurs milliers d’euros. Intéressante dans le cas de l’alopécie androgénétique qui évolue lentement et sans « à-coups », la greffe n’est toutefois pas miraculeuse.
Attention. Lorsque la chute est due à une maladie sous-jacente, celle-ci peut s’attaquer au greffon capillaire. Il faut donc s'assurer qu'elle est en sommeil.
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Expert consulté : Dr Marie-Madeleine de Jansac, dermatologue au Centre de santé Sabouraud.